On parle d’Action Commune à l’Université de la Terre

Les 15 et 16 mars 2025, l’UNESCO a accueilli des rencontres célébrant les 20 ans de l’Université de la Terre. Ce fut l’occasion de deux journées riches en témoignages inspirants et en échanges passionnants, qui résonnent profondément avec l’action des CPIE et la stratégie de notre réseau.

Coopérons, mutualisons et tissons un avenir commun, Université de la Terre, crédit photo : Union Nationale des CPIE

Construite autour du thème « Nature = futur », cette 8e édition spéciale de l’Université de la Terre a rassemblé plusieurs centaines d'acteurs de l'environnement venus échanger et s’inspirer. L'événement a mis en lumière des enjeux cruciaux pour l’avenir de notre planète, tout en offrant un terrain fertile pour des discussions qui font écho à la stratégie du réseau des CPIE et au besoin d’actions communes en faveur de l’environnement.

Parmi les grands enseignements de ces journées, la philosophe Gabrielle Halpern a évoqué le besoin « d’hybridation », soulignant l’importance de rapprocher des initiatives, des acteurs et des savoirs habituellement séparés, pour transformer des intérêts individuels en intérêts communs.

Olivier Hamant, chercheur en biologie et bien connu pour ses travaux sur la robustesse, a insisté sur l’inadéquation entre une approche court-termiste, intrinsèquement liée au « culte de la performance » dans notre société et les réponses nécessaires aux défis environnementaux. Des réponses qui, selon lui, doivent impérativement être collectives et pensées dans une perspective de long terme.

Cette vision a été appuyée par le chercheur-économiste Éloi Laurent, rebondissant sur ce « culte de la performance », à l’origine des problèmes environnementaux, socio-économiques et de santé mentale que connaît notre société. Ce culte, qui pousse à chercher des solutions immédiates sans prendre le temps d’explorer la complexité des enjeux, s’oppose à une culture de la coopération. À l’instar des pratiques développées par les CPIE, la coopération invite à une prise de recul collective, à la réflexion et à l’échange afin de comprendre pleinement les enjeux des acteurs concernés avant d’agir ensemble.

Paul Watson, fondateur de l’ONG Sea Shepherd, a partagé lors d’un témoignage sa réflexion autour de la place du militantisme radical, qui joue un rôle clé dans la mise en lumière des enjeux écologiques, incitant la société à prendre conscience de l’urgence de la situation. Ce réveil, à la fois médiatique et social, ouvre la voie à des actions concrètes, telles que celles portées par les CPIE, contribuant à les rendre plus légitimes et plus mobilisatrices.

Enfin, tout au long de l’événement, la notion de One Health (une seule santé), concept qui relie la santé humaine, animale et environnementale, a été largement abordée. Cette approche constitue un levier précieux pour rassembler différents acteurs qui ne sont habituellement pas en interaction, et répondre de manière coordonnée aux défis environnementaux complexes et interconnectés. De nombreux CPIE se sont déjà appropriés cette approche pour renforcer la mobilisation locale en faveur de la biodiversité et de la préservation de nos écosystèmes.

L’Université de la Terre a mis en lumière des idées et des actions qui trouvent des échos forts dans l’engagement des CPIE. Une source d’inspiration, mais aussi de motivation pour aller plus loin dans la facilitation d’actions communes en territoires, et pour tisser de nouveaux liens avec les acteurs portant des réflexions et des actions qui font écho à celles de notre réseau.

Quelques références bibliographiques pour aller plus loin :

• Gabrielle Halpern, Tous centaures ! Éloge de l’hybridation, Éditions du Pommier, 2020

• Gabrielle Halpern, Créer des ponts entre les mondes, Fayard, 2024

• Éloi Laurent, Coopérer et se faire confiance par tous les temps, Rue de l’Échiquier, 2024

• Olivier Hamant, Antidote au culte de la performance - La robustesse du vivant, Gallimard, 2023